40 ans de vie consacrée

Poitiers, lundi 16 novembre 2020

Chers amis, chers frères et sœurs de la paroisse Marie-Louise

C’est dur d’être à nouveau confinés, si proches les uns des autres mais séparés. Pour un temps,
seulement, heureusement, l’essentiel demeure : nous formons toujours un seul corps en Celui en
qui nous croyons et qui nous accompagne fidèlement dans nos tourments. Je vous espère en bonne
santé et avant tout confiants. Soutenons-nous dans la prière et l’amitié.

Il est fidèle
Celui qui
nous appelle !

Justement, je m’adresse librement à vous un peu comme à ma famille. Ce
week-end aurait dû être pour moi un moment de célébration simple mais
festive au milieu de vous pour le 40ème anniversaire de ma consécration. A la
place, j’ai vécu un jubilé confiné, seule mais… pas isolée, car vous étiez dans
mon coeur et plusieurs d’entre vous, mis au courant par Laurence (sacrée
Laurence !!) m’ont envoyé des messages d’amitié. MERCI à tous de partager mon action de grâce.

Il y a 40 ans jour pour jour, en effet, le 16 novembre 1980, à Maisons-Alfort, (diocèse de
Créteil), je prenais le risque de m’engager pour toujours dans la vie consacrée, sans filet, sans
congrégation, comme vierge consacrée. J’étais la 1ère du diocèse de Créteil, un pari fou, à cette
époque, un acte de foi en l’Eglise. C’est ma paroisse qui fut témoin. Parce que je crois en la force
des paroisses appelées à rassembler un peuple diversifié et fraternel. « Ma mère et mes frères »
m’ont toujours été donnés par Dieu, au fil de ces 40 ans, Eglise baptismale, missionnaire, engagée
en plein monde.

Comme pour tous les engagements, que ce soit dans le mariage, dans la vie religieuse ou
l’ordination, nos « Oui » prononcés au commencement sont avant tout un acte de confiance radical.
On se donne à Dieu sans rien voir, sans rien savoir de l’inconnu, avec comme unique certitude, la
promesse de Dieu : « Je serai toujours avec vous. » Quoiqu’il arrive. Vraiment quoiqu’il arrive…

Mon histoire, (comme la vôtre, sans doute), n’a pas été un long
fleuve tranquille, mais que de belles choses à relire, une vie multicolore à
l’image des 40 magnifiques roses de toutes les couleurs que quatre
d’entre vous ont eu la belle idée de m’apporter hier matin. « …parce que
ta vie est aux couleurs multiples », dit le petit mot agrafé au bouquet.
Somptueuse surprise ! Ces fleurs illuminent mes journées. Merci, merci !
Ma vie missionnaire a été en effet itinérante au gré des appels, en
des lieux très diversifiés : 4 diocèses ; 7 évêques référents (dont 2 sont
nés au ciel). Ces 40 ans m’ont conduite de façon imprévisible du Val-de-
Marne à Angers, de l’Enseignement catholique au diocèse de Versailles,
de l’aumônerie du Val fourré à Mantes, à la Catho de Paris, jusqu’au
Poitou où Mgr Rouet m’a appelée pour l’annonce de la foi en 2006.
Et voilà. Un beau jour du mois d’août, j’ai posé mes valises
dans notre beau quartier, trouvant par hasard tout de suite à me loger
près de sainte Thérèse et vous m’avez adoptée.

Que de souvenirs forts et de liens tissés avec vous, dans des moments très variés, avec des
joies et des épreuves, des surprises et des temps d’accomplissement. Ce soir, j’ai une pensée pour
nos prêtres, pour le p. Marc Degraeve qui veille sur nous du haut du ciel, et pour les prêtres qui se
sont succédés chez nous, jusqu’à aujourd’hui, nos chers Albert et Claudy.

Où et comment Dieu nous conduira-t-il encore ? Que sa Volonté soit faite

Depuis cinq ans de retraite active, moins dispersée qu’avant, mais toujours ancrée dans
l’actualité, je reste sensible avec vous aux « signes des temps », et m’efforce d’inventer chaque jour
autrement ma vocation insolite. Femme dans l’Eglise n‘est pas simple, vierge consacrée non plus.
Mais que de possibilités de vivre dans la foi et d’annoncer l’évangile !
« Non, rien de rien, non, je ne regrette rien » ! Vivons d’action de grâce.

*

Laissez-moi vous exprimer toute ma gratitude pour votre foi et vos vie données, pour les
partages qui nous ont enrichis et continuent de nous faire vivre, pour les bons et heureux moments
de mission partagée : les messes dominicales, les rendez-vous réguliers et les moments plus
exceptionnels, les forums, les rencontres de conseil paroissial, les B’ABBAS, la journée du pardon,
les veillées de Noël, les proclamations scéniques de la passion, les groupes d’étude de la Bible, les
préparations et animations liturgiques, nos dîner de la saint Valentin autrement, les sorties « Seuls
ensemble » des solobataires, le journal paroissial pendant le dernier confinement, les soirées de
préparation au mariage, … j’en oublie. Depuis septembre, j’ai démarré le caté à l’Ecole de l’eau vive,
merveilleuse expérience à la source de la vie. Ces petits enchantent mon âme.

« Garde moi, mon Seigneur,
J’ai fait de toi mon refuge.
J’ai dit au Seigneur :
« Tu es mon Dieu,
Je n’ai pas d’autre bonheur
que toi ! »

Psaume 15

Oui, que d’initiatives prises ensemble, au coude à coude,
avec des parties de rire et de franche amitié. Merci à
chacun de supporter mon caractère. Sans échange, sans
confiance réciproque, sans esprit communautaire, le
célibat à long terme reste chose décapante et la solitude
périlleuse. Mais ensemble, chacun à sa juste place, dans la
lente, laborieuse et obstinée construction de l’Eglise qui
nous appelle, nous unit et nous envoie, tout est possible.

HEUREUSE de vivre cet élan communautaire parmi vous, j’aurais rêvé célébrer cet anniversaire
ici, avec vous, autrement, en réunissant des amis, ma famille et d’autres personnes d’ailleurs. Mais
le coronavirus paralyse encore nos projets. Logés à la même enseigne, nous endurons et partageons
la même situation désolante. Pour moi, rien de grave. En ce temps de solidarité mondiale avec les
pauvres, soyons avant tout… solidaires. Tant pis pour la fête, et vive la fraternité !

Hier matin, à 10h, la messe dominicale retransmise sur
le site diocésain était célébrée par notre évêque, Mgr
Wintzer. Seule chez moi mais pas isolée, en union avec vous
et nombre d’amis dispersés, à l’ombre du bouquet, j’ai eu
envie d’échanger un signe de paix avec vous.

Priez pour moi comme je prie pour vous et rendez grâce,
comme je rends grâce sans cesse pour vous.

A très bientôt, c’est sûr !

Isabelle Parmentier